let's go ϟ

@Baïka.

Il fait chaud au centre, peut-être moins que dans le Sud. Néanmoins, la chaleur est présente, cherchant à t'étouffer pendant que tu halètes, respires cet air chaud. Tes poumons s'emplissent pour relâcher la pression. Tu marches vers le Canyon, quittant réellement les terres du Sud.

Tu marques ton territoire. Chacun de tes pas plie la terre à ta volonté. Tes pas sont violents, saccadés, tandis que tu approches le Canyon. Les yeux perdus en hauteur, un aigle vole, te faisant de l'ombre. Tu sembles le suivre ou est-ce lui qui te suit ? Tu t'arrêtes, en hauteur, le regard qui surplombe les terres et pénètre les abysses du précipices.

La louve avait commencé sa journée assez tôt, son pas lent certifié sa fatigue et le soleil ne l'aidait pas dans sa requête de retrouver son endroit préféré du Canyon. Le soleil avait atteint sa place depuis maintenant plus de 4 heures, laissant aucun nuage gâchait ses rayons qui caressaient la peau de Baïka au sol. L'esprit apaisé et ses yeux scrutant l'horizon, aucune odeur parvenant à la déranger durant sa tranquillité, était-ce enfin une journée sans repos ? Certainement pas sinon ça serait trop louche surtout à son arrivée.

Quelques heures s'étaient déroulé durant sa petite sieste et voilà que le vent ramène une odeur, celle d'un inconnu qui avait osé perturber sa tranquillité. C'est dans un mouvement bref que son corps s'éleva tout en se secouant avant de balayer le paysage de ses yeux clairs à la recherche de l'inconnu, toujours présente près de son tas de rochers surplombant le Canyon et ces hauteurs.

Tu te promènes tel un intrus parmi ces terres. Tu t'enivres de l'air chaleureux tandis que tes pas se font lourds. Aucune discrétion pour ta part alors que tu traverses le Canyon. Une odeur âcre d'une louve vient jusqu'à titiller ton odorat. Ton museau la flaire. Une future victime dans tes mailles et tu t'en approches furtivement quand tu finis par l'apercevoir. Tes yeux la regardent, l'épient, trouvant chacun de ses faiblesses visibles à l’œil nu. Elle est pour toi un être faible, le sexe faible. « Tu ne devrais pas être là. » C'est plutôt le contraire, c'est toi qui ne devrais pas être ici. Ce ne sont pas tes terres, pourtant tu te les appropries.

Pendant quelques minutes, l'odeur tournait dans la tête de Baïka qui chercher encore des yeux l’intrus. Mais elle n'avait pas besoin de chercher longtemps car l'inconnu s'était livré lui-même alors, c'est dans un fin sourire que la louve se retourne vers son interlocuteur. Ses yeux clairs transperçant à son tour l'inconnu, il avait un pelage sombre et des yeux semblables à ceux qu'elle avait, il n'avait pas l'air d'être agréable. Bien, ça allait mouvementer sa journée et c'est ce qu'elle espérait.

▴ Toi non plus.

Dit-elle d'un ton neutre, sans émotion. Ce loup avait une drôle d'odeur, il ne venait pas de son territoire et ça ne s’annonçait généralement pas bon signe alors gardant toujours ainsi son sourire, faux mais présent. Qui était-il pour se permettre ainsi de telles manières ? Personne à ses yeux. Elle, elle n'était pas du sexe faible.

« Tout est à moi. » Tu souffles cela comme une sentence qui vient siffler dans les oreilles de la louve immaculée. Tu la fixes, dans ses yeux. Ton regard ne se baissera pas, il supporte le sien sans état d'âme. Rien n'est retranscrit dans tes prunelles, à part l'ombre de ton âme meurtri. « Même toi. » Tu conclus par un sifflement désagréable. Tu fais de ces choses, ta propriété. Tandis que l'aigle s'est posé en haut du canyon, ton regard ne la laisse pas. Il la tient comme prisonnière de tes pupilles dilatées.

C'est dans un soupire que la louve replonge ses yeux dans les siens, totalement indifférente aux paroles de l'inconnu. C'est le genre de personne qu'a du supporter Baïka durant son périple, puis il lui faisait à son père dans le style macho. Tout en enfonçant légèrement ses pattes sur le sol, Baïka s'avance légèrement, d'un pas sûr.

▴ Je t'appartiens pas, et encore moins ces terres.

Lâche-t-elle toujours sans émotion car après tout, à quoi la courtoisie va servir dans ce cas ? À rien et encore moins avec une personne qui prétend tout obtenir d'un claquement de patte. Elle n'a jamais vécu avec des chaines et ce n'est pas aujourd'hui qu'un inconnu va lui en mettre.

Vas-tu accepter l'insoumission de cette louve ? Alors que ton regard ne la lâche pas, tu lui montres les crocs. Un rictus désagréable ornant ton visage de jais. « Vaut mieux que tu fasses ce que je te dis. » Tes paroles claquent comme un avertissement. Ce n'est pas une louve aussi frêle qui va passer en dehors des mailles de ton filet. En dehors de ta suprématie que tu veux lui imposer. « Quel est ton nom, louve ? »

Vaut mieux que tu fasses ce que je te dis, ces paroles sonnèrent dans l'esprit de Baïka et les souvenirs de son père refit surface. Le caractère de l'inconnu commençait légèrement à l'agacer et malgré les crocs sortis du mâle, la louve reste d'un calme olympien sans aucune émotion.

▴ Tu demandes déjà beaucoup trop, l'inconnu.

Elle savait qu'il fallait le prendre avec des pincettes alors les mots allaient peut-être suffire. Son envie de se battre est quasi 0 mais si l'intrus forçait la main à la faire basculer du mauvais côté, c'est ce qui se passera.

▴ Baï.

Lâche-t-elle finalement sans reculer de l'inconnu qui se montrer menaçant. Ce n'était qu'un surnom et il sonnait comme un nom pourtant, Baïka savait comment fonctionner ce genre de mâle. Ils ne font que poser des questions sans avoir des réponses à leurs questions, alors c'est dans un sourire sournois que la louve l'observe. Elle ne faisait pas la maligne, loin de là mais juste voir où étaient les limites du loup.

Il y a des limites à ta patience. Quand elle te donne la réponse à ta seule question, un sourire vient déformer tes lèvres. « L'alpha du Canyon, donc. » Cela sonne comme une évidence entre ta mâchoire. Tu connais les noms des Alpha, ceux qui gouvernent sur cette terre. Tu la regardes et tu te mets en marche vers le précipice. Tes yeux surplombent le paysage, t'enivrant des différentes terres que tu peux voir à cette hauteur. Le vent souffle. « Y a-t-il une raison pour que je te laisse la vie sauve ? »

Même avec ce surnom peu connu depuis quelque temps, son masque a réussi à tomber. Il semblait être un Alpha lui aussi vu son autorité et son physique, première rencontre et c'est un Alpha qui s'y présente. Rien qu'à cette idée, un sourire s'afficha sur ses lèvres avant de détourner son regard sur ses terres.

▴ Ce n'est pas drôle dès le début, si tu es joueur du moins.

Elle avait bien fait exprès d'appuyer sur le mot joueur, le sentant ainsi. Mais ses yeux se détachèrent du paysage et reviens sur le corps du loup, quelques grains de sable s'étaient accrochés sur son pelage sombre et vu sa musculature, ça ne pouvait qu'être un Alpha ou bien un membre vachement bien entraîné. Autant tenter sa chance.

▴ Du sable accroché à ton pelage, tu es l'Alpha des Dunes certainement.

C'était une chance sur deux, ou bien même aucune si le loup ne dévoile pas son identité. Après tout, Baïka le sera un jour ou l'autre.

« Le jeu n'a rien de drôle, ma douce. » Un surnom que tu lui donnes, que tu leurs donnes souvent à ces femelles. Ton regard surplombes toujours les terres tandis que ton sourire s'accroît sur tes lèvres quand tu entends ton statut. Elle a bien deviné la petite. Tu ne te caches pas, de toutes façons ton physique te trahit. Tu pivotes la tête pour croiser son regard. « Tu as vu juste. » Et furtivement, tu la rejoins, tes crocs à deux doigts de lui arracher la gorge. « Dis-moi, as-tu tué l'ancien Alpha ? »

Bingo. Baïka avait l’œil pour reconnaitre ces compères, surtout les Alpha à la vue de leurs musculatures parfois imposante. Si elle avait tué l'ancien alpha ? Lui dire oui pour paraitre imposante ferait d'elle une folle, une criminelle mais ce n'était ça, il avait déserté en prenant sa retraite. Réfléchissant à sa question, c'est dans une voix monotone qu'elle répond ainsi à l'Alpha.

▴ On est tous passé par cette case, n'est-ce pas ?

Aucun recul n'a été effectué à la vue des crocs de l'inconnu, même si ça paraissait dangereux aux yeux de certains, ça ne faisait guère peur à Baïka. C'est certainement l'habitude d'avoir croisé des dizaines de loups comme celui-ci qui la sensibiliser à ça.

C'est qu'elle est arrogante cette petite. Elle contourne tes questions et elle ne prend pas tes menaces au sérieux. Peut-être faut-il que tu lui montres que la soumission est la bonne attitude à adopter face à toi ? Tu lui tournes autour, le regard l'analysant sur toutes les coutures. Sa robe sera plus belle, souillée de son sang. « Non. » À vrai dire, toi, l'Alpha des Dunes était déjà mort à ton arrivée, laissant la place au chaud pour tes petites pattes. Mais tu l'aurais tué, si cela avait été nécessaire pour ton ascension à la plus haute marche du trône. « Tu sais que tu mérites une correction ? »

L'arrogance n'est qu'un petit défaut comparé au reste des défauts et rien n'effacera sa dignité. C'est dans un regard silencieux que Baïka observe les quelques cercles autour d'elle avant de s'avancer et de briser ainsi le cercle. Désobéissante jusqu'au bout.

▴ Même si quelqu'un est déjà sur ton trône ?  

Étrangement le loup attirait son attention, c'était impossible qu'un mâle de cette envergure ne tue pas pour accéder à une place si convoité à ses yeux et mentir ne devait pas être dans ces cordes. La louve se retourne ainsi vers lui, ne laissant plus son dos vulnérable et plante son regard d'ambre dans celui de l'Alpha.

▴ Aucune correction, c'est la loi.  

Puis elle s'approche de nouveau, de nouveau le regard persistant tout en levant légèrement la tête pour ne pas paraître vulnérable. Après tout, c'est ainsi que fonctionnent les alphas qui tiennent à leurs terres, ils y tiennent tellement qu'ils sont prêts à mourir pour les terres qu'ils ont gardées si longtemps.

« Je le tue. » Tu sors cela, radicalement. C'est vrai, ne pas se voiler la face. Tu es un meurtrier. Le sang te procure un bien-être. D'ailleurs quand elle s'approche, tu as le cœur qui s'emballe. Tu la veux, tu veux la posséder. Tes yeux ancrés en elle dégoulinent le désir qui t'accable. « On s'en fiche de la loi. » Tu es anticonformiste. Pour toi, la loi n'est qu'une muselière pour enlever la liberté. Tu t'en fiches de cela. Tu es libre de tes gestes, libre de tout. Tu la regardes, ton regard qui a pénétré les entrailles de ses iris. Tes pupilles dilatées en disent davantage sur tes attentions. Tu arrêtes de tourner autour d'elle. Tu t'arrêtes à côté d'elle, tes crocs à cinq centimètres de sa gorge. « Alors tu veux jouer ? » Tu murmures cela à ses oreilles.